DÉPART
Dessus la portée courbe aux lignes irisées,
D’un arc–en–ciel géant, à l’horizon, figé,
Ils viennent en kyrielle, un à un se poser,
Les signes et les notes et leur « trousseau de clefs ».
Comme oiseaux migrateurs, le tout va s’envoler,
Destination « ailleurs », où il fait bon chanter
D’autres airs, d’autres rythmes que ceux qu’ont inspirés
Nos muses d’aujourd’hui, par trop désenchantées.
L’époque rompt ses digues, la Musique s’exile,
Lorsque l’Art se fatigue, le reste est en péril :
Comme ce fut vécu en d’autres circonstances,
Tout ce qui est déchu roule en la décadence…
Si à « l’esprit critique », je l’ai crié si fort,
C’est pour le réveiller, pour « conjurer le sort » :
Pour qu’un jour, une nuit, s’entonne à l’unisson
Ou quelque Symphonie ou quelque vraie Chanson,
Ou quelque Symphonie ou quelque vraie Chanson.
Et d’autres avec moi ne furent pas perçus
Car l’oreille agressée, déjà, n’entendait plus
Que ce que véhiculait au nom du progrès
La « culture profit » qui nous conditionnait.
La violence et le bruit se virent propulsés
Au–devant de la scène de notre société,
Et la Musique, ainsi, faut–il s’en étonner ?
Fut mise au diapason de la médiocrité.
Si dès lors elle s’apprête, loin de nos frondaisons,
À aller faire fête à d’autres floraisons,
C’est, pour sans coup férir, en le souffle du vent,
Reforger son Empire, hors des cinq Continents…
Qu’elle revienne à temps, afin que s’adoucissent
Nos mœurs adossées au bord du précipice :
Ce gouffre, cet abîme où subsiste l’écho
De ces Trompes Magiques aux murs de Jéricho,
De ces Trompes Magiques aux murs de Jéricho.
Dessous la portée courbe, aux lignes irisées,
D’un arc–en–ciel géant qui tend à s’estomper,
J’imagine là–haut, le vol d’un Concerto
Du même numéro que le Siècle nouveau…
J’imagine là–haut, le vol d’un Concerto
Du même numéro que le Siècle nouveau…