AU-DELÀ
Au–delà du désir qui affuble nos sens
Et qui ceint d’artifices déchaîne nos passions,
Au–delà du délire qui brûle nos consciences
Au point de consumer nos primes illusions,
Il nous faut rechercher, tant que vie nous entraîne,
Ce chemin tout de jeux et de plaisirs gratuits
Où l’enfance courait jadis à perdre haleine :
Trop avancer dans l’âge, c’est rejoindre l’oubli…
Au–delà du « vouloir » prônant la possession
Rendant indignes ceux à qui rien n’appartient,
Au–delà du « pouvoir » qu’on lègue à l’ambition,
Sans laquelle dit–on, nul ne devient quelqu’un,
Il nous faut accéder, ô sublime espérance,
Au « savoir » sans projet et nul autre souci
Qu’acquérir, partager enfin la Connaissance :
Elle porte le germe qui féconde la Vie…
Au–delà d’aujourd’hui, dans lequel on s’empêtre,
Au–delà du « Présent » qu’on vit sans le savoir,
Ne vaudrait–il pas mieux que de toujours « paraître »
Vivre enfin le « demain » comme on dit le falloir…
D’espérer et d’attendre, chacun trop s’impatiente
Et les rides nous gagnent qui sillonnent nos fronts :
On nous a trop parlé de lendemains qui chantent,
Conjuguer au futur éloigne l’horizon…
Au–delà de la Foi, sans conviction profonde,
Prêchée dès « l’âge tendre » à grands coups de sermon(s),
Au–delà de la Croix qui fleurit, qui abonde
De bûchers en kermesses, d’obsèques en prisons,
Voilà que les « credo », les racismes se fondent,
Quand la démographie appelle à « l’équilibre »
En des conflits divers, aux quatre coins du monde,
En épanchant l’Histoire en le lit de nos livres…
Au–delà de ces mots qui se veulent un chant
Où les maux de l’Espèce éclosent de concert,
Toi, au nom du « bonheur », tu mendies en passant
Un écho, qui hélas, en l’Espace se perd :
Et tu viens en la Chose inviter la Tendresse
Au banquet de ce siècle où l’on célébrera
Déclin et Renouveau, entre larmes et liesse,
Pour nous rejoindre ailleurs, peut–être en… « l’Au–Delà »…